Les tombes royales de Kasubi se trouvent au sommet d’une colline au cœur de Kampala, la capitale de l’Ouganda. Le site couvre une surface de 27 hectares et comprend plusieurs composantes bâties entourées d’un vaste espace cultivé. A chaque composante du site sont associées des valeurs intangibles très fortes, ce qui en fait un lieu de pèlerinage culturel très fréquenté par la population locale. L’élément le plus impressionnant de cet ensemble est le Muzibu-Azaala-Mpanga, une construction en matériaux végétaux de 31 m de diamètre couverte d’une épaisse couche de chaume, à l’intérieur de laquelle se trouve la « forêt sacrée », un espace protégé des regards abritant les tombes des quatre souverains ayant régné sur le royaume du Bouganda avant l’actuel Roi. Le site est également un lieu de pèlerinage le témoin de nombreuses pratiques traditionnelles qu’il est difficile de trouver ailleurs.
Ces tombes sont protégées depuis 1967 et furent proposées par l’Ouganda comme le premier site culturel pouvant être inscrit au Patrimoine Mondial.
En 2001 :
- Offrir une expérience pratique et scientifique aux conservateurs et acteurs locaux afin d’améliorer leurs compétences et les préparer à d’autres actions similaires ;
- Renforcer le rôle des artisans des clans Ngeye et Ngo, gardiens des techniques traditionnelles ;
- Mettre en œuvre des travaux de conservation ;
- Inscrire le site sur la liste du patrimoine mondial ;
- Préparer un plan de gestion.
En 2005-2006 :
- Mener une étude détaillée sur la filière de construction des toitures en paille ;
- Produire un livret promotionnel, des cartes postales, des posters afin de mieux faire connaître le site ;
En 2008 :
- Rassembler les parties prenantes du site ;
- Evaluer le premier plan de gestion ;
- Elaborer un nouveau plan de gestion 2009-2015.
En 2010 :
- Faire l’état des lieux suite à l’incendie ;
- Etablissement d’un calendrier pour la reconstruction du Muzibu-Azaala-Mpanga ;
- Proposer une stratégie de reconstruction des tombes ;
- Appuyer la mise en œuvre du plan de gestion.
C’est pour préparer la proposition d’inscription que CRAterre et ses partenaires du programme Africa 2009 furent sollicités, un travail qui permit l’inscription effective des tombes sur la Liste du patrimoine mondial en 2001. Parallèlement, les sérieux problèmes de conservation des toitures de chaume furent abordés. Ces activités techniques permirent de s’intéresser aux valeurs, à l’authenticité, aux responsabilités traditionnelles et actuelles et donc à la gestion du bien. Travailler sur l’entretien des toitures permit de comprendre le rôle primordial de deux clans en particulier : le clan Ngeye en charge des toitures, et le clan Ngo, en charge des décorations intérieures. Le travail sur la gestion renforça les liens entre les nombreux acteurs traditionnels faisant vivre le site, les responsables du royaume et les conservateurs chargés par l’état de suivre l’état du bien.
Quelques travaux de restauration et un programme de recherche sur toute la filière de production des toitures en paille permit en 2006 de mieux comprendre les finesses de cette technique unique, ou la paille n’est pas attachée au toit, donc facile à changer. Le plan de gestion établi lors de la préparation de la proposition d’inscription au Patrimoine mondial bénéficia largement de cette expérience de terrain. Ceci permit de faire évoluer la situation de façon positive entre 2001 et 2008. Les nombreuses études et expérimentations effectuées pendant cette période ont abouti à une connaissance détaillée du site et des conditions de sa conservation, et la révision du plan a été décidée en 2008.
La formulation du nouveau plan de gestion 2009 – 2015 a également bénéficié de l’appui du programme Africa 2009 et de l’expertise CRAterre. Ce plan a été finalisé en octobre 2009.
Un incendie a malheureusement détruit le bâtiment principal le 16 mars 2010. Il ne reste rien de ce chef-d’œuvre érigé par les artisans du royaume, pièce unique au monde en terme de taille et de qualité des décorations. L’UNESCO a dépêché une mission sur place un mois plus tard, mission à laquelle un expert de CRAterre a participé. La reconstruction du Muzibu-Azaala-Mpanga devrait durer au moins deux années.
Résultats
- Formation de 12 personnes aux techniques de conservation dans le cadre d’un chantier de conservation ;
- De nombreux travaux de conservation et préservation on été effectués sur le site (drainages, murs, toitures, …) ;
- Inscription du site sur la Liste du patrimoine mondial en 2001 ;
- Conservation des savoirs faire traditionnels, maîtrisés par deux principaux clans du royaume ; ce programme a permis une valorisation du rôle des clans et de leur savoir mal reconnus ;
- Acquisition d’un outillage de base ;
- Elaboration de deux plans de gestion : le premier en 2000 et la version révisée en 2009 ;
- Elaboration d’une plaquette de promotion, de cartes postales, posters et d’un site WEB ;
- Rôle responsabilités des parties prenantes mieux définis ;
- Valeurs intangibles du site mieux comprises ;
- Une vaste documentation historique, technique, iconographique produite ;
- Une signalétique directionnelle installée en ville.
Partenaires
Royaume du Bouganda, Département des Musées et Monuments, Centre du patrimoine mondial de l’Unesco, Bureau régional de l’Unesco à Nairobi, Africa 2009, Ambassade de France en Ouganda, Iccrom, Département d’architecture de l’université de Makerere, Commission nationale de l’Unesco en Ouganda.