Objectifs
Le séisme de Bam du 26 décembre 2003 a provoqué la mort de 26 000 personnes et en a blessé 40 000 autres. 70% des bâtiments ont été détruits dont la citadelle en terre d’Arg-è Bam. En quelques secondes la ville est devenue un vaste champ de ruines, catalogue à ciel ouvert de défauts de construction démontrant la cause humaine de la catastrophe. Les caractéristiques géophysiques locales (failles, alluvions) et celles du séisme ont été désastreuses pour cette ville vulnérable.
Prendre le temps de bien comprendre pour positionner l’intervention
Après un diagnostic de situation résultant d’expertises nationales et internationales, des recommandations d’aide à la décision ont été faites pour définir une stratégie de sauvegarde du paysage culturel. La déclaration de Bam, issue de l’Atelier International d’avril 2004 a posé les principes directeurs de toute intervention : « conserver la pleine signification d’Arg-è Bam et son environnement », « sauvegarder le caractère et l’héritage de la ville, et son paysage » et « intégrer le patrimoine dans le processus de reconstruction ».
Prendre du recul pour tirer les leçons et éviter de renouveler les erreurs
Aucun matériau de construction n’est parasismique. C’est le savoir bâtir qui épargne les ouvrages et les vies. Si les matériaux industriels bénéficient d’une base scientifique universelle, les « matériaux locaux » peuvent s’appuyer sur les connaissances accumulées à « l’épreuve des faits ». Mais à Bam, la trop faible fréquence des séismes, qui permet de tirer des leçons, n’a pas permis le développement de ces connaissances.
La mise en place d’une approche intégrée mais des résultats qui tardent
CRAterre et ses partenaires ont proposé de revitaliser la filière terre autour de trois axes complémentaires : matière, patrimoine et habitat. Cette approche encourage et appuie le développement d’activités socio-économique valorisant les ressources et les forces du territoire. En quelques mois, différentes activités ont été déployées : études et diagnostic, essais et mises au point de matériaux et éléments constructifs, installation d’un laboratoire et d’une ligne de production, conception et construction de prototypes de logements, reconstruction de la Seconde Porte de la citadelle, chantiers formation de professionnels et du personnel de ICHHTO, NDRII et IHF. Ces activités ont contribué à des avancées notables et à faire accepter le matériau terre. Malgré cela, des dizaines de familles qui avaient choisi le prototype de logement en terre parasismique validé par les autorités iraniennes n’ont pu l’obtenir.
Anticiper et bien se préparer
Du fait de résistances qui sont plus le fait « d’ignorances », il est quasiment impossible de mettre rapidement en place des solutions utilisant les matériaux locaux quand ceux-ci n’ont pas été validés avant la catastrophe. Une fois la phase d’urgence terminée, les populations démunies n’ont plus accès aux matériaux industriels inabordables et trop sophistiquées. L’exclusion des matériaux locaux augmente la vulnérabilité de ceux, majoritaires, qui n’ont d’autres choix que de se tourner vers des solutions locales, par ailleurs mieux adaptées aux plans environnemental, économique et culturel. Introduire en amont le développement local est le plus sûr moyen de réduire les risques.
Résultats
- diagnostic post-désastre ;
- mise en place d’une unité de production et d’un laboratoire d’analyse ;
- chantier formation de 2 prototypes parasismiques en terre ;
- formation de maçons ;
- sensibilisation des décideurs et acteurs de la construction ;
- contribution à la rédaction de la déclaration de Bam.
Partenaires
Organisation Iranienne pour le Patrimoine Culturel, l’Artisanat et le Tourisme (ICHHTO), Mairie de Bam, Centre Iranien de Recherche pour la Conservation des Vestiges Culturelles (RCCCR), Fondation Islamique du Logement (IHF), Institut Iranien de Recherche sur les Catastrophes Naturelles (NDRII), Université de Yazd (Iran), Ministère de la Culture et de la Communication (France), Ministère des Affaires Etrangers (France), UNESCO, Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), Fondation de France, Misereor, Conseil Général de l’Isère (CG38).