Project Sheet

Sauvegarde du patrimoine de Tombouctou

Country : Mali
Date : 2013
Continent(s) : Africa
Theme(s) : Heritage
Program : Earthen World Heritage

Sauvegarde du patrimoine de Tombouctou

Une première étape de haute portée symbolique

Après l’interruption due à l’occupation de la ville de Tombouctou par les terroristes et autres groupes armés, la Direction nationale du patrimoine culturel du Mali et l’UNESCO ont aidé la population à réaliser les traditionnels travaux de crépissage du minaret et du mur est de la grande mosquée de Djinguarey Ber. Cette opération que nous avions défendue lors des séminaires de réflexion organisés par l’UNESCO et le MCC (Paris, 19 février ; Bamako, 8 juin) en collaboration avec le Ministère de la Culture du Mali a une haute portée symbolique. Elle représente d’une part la reprise en main par la population de ce monument majeur de la ville et de son identité. D’autre part en rassemblant autour d’un même but toutes les différentes composantes de la population, elle a joué un rôle fédérateur. Enfin, elle est aussi un signe, très attendu par la population de Tombouctou, du lancement des actions de solidarité qui permettront, nous l’espérons rapidement, que la vie puisse reprendre un cours normal à Tombouctou.

Texte de Alpha Diop / Mission DNPC-UNESCO, aout 2013

Après une interruption d’environ deux saisons des pluies, due à l’occupation de la ville de Tombouctou par les terroristes et autres groupes armés, il a été procédé le jeudi 15 Août 2013 au crépissage du minaret et du mur acrotère de la grande mosquée de Djinguareyber.

Comme à l’accoutumé, les préparatifs ont été coordonnés par l’Imam, le comité de gestion de la mosquée et la corporation des maçons traditionnels avec le chef de la corporation des maçons, responsable de la mosquée de Djingareyber.

Dans la matinée de ce 15 Août 2013, sous la supervision des maçons traditionnels, il a été d’abord procédé à un dernier malaxage de l’enduit en banco qui a avait déjà été préparé depuis plusieurs jours. Rappelons que la technique ici utilisée est celle dite « du pourrissement ». A ce mélange de banco a été ajoutée de la balle de riz et de mil.

Pour le crépissage des façades est et sud est ajoutée de la poudre de baobab (ou pin des singes). Cette poudre confère à l’enduit une meilleure résistance aux eaux des pluies qui, pour la ville de Tombouctou, proviennent essentiellement de l’Est et quelques fois du Sud.

Les populations participent massivement et activement aux traditionnels travaux de crépissage de la mosquée.

L’enduit a été préparé cette année dans des bacs situés au sud de la mosquée. Il a été transporté par les jeunes, des bacs jusqu’au toit de la mosquée.

Lorsqu’une quantité importante d’enduit a été transportée sur le toit, le coup d’envoi  symbolique des travaux fut donné par le chef des maçons traditionnels responsables de l’entretien de la mosquée (habituellement une seule famille en est responsable).

Les travaux de la matinée ont concerné les faces nord et ouest du minaret central ainsi que les murs acrotères précisément ceux situés sur les côtés ouest et sud de la mosquée.

Les travaux de crépissage des façades est et sud du minaret sont réservés pour l’après-midi après la prière de l’Asr (16 heures).

Le début de ces travaux est marqué par le «cérémonial de la bande de cotonnade».

Cette bande de cotonnade est préparée par les «vieux maçons» avec des nœuds et des incantations y sont également dites. Elle est ensuite enfilée aux «jeunes maçons» chargés de grimper jusqu’au sommet du minaret et d’y commencer les travaux d’enduits sur sa façade est.

Cette bande de cotonnade qui est donnée par les anciens aux jeunes est une sorte de lien ombilical entre les générations et est censée protéger les ouvriers notamment contre les accidents (chutes) lors des travaux.

A la fin des travaux du crépissage, des bénédictions sont faites par l’Imam de la mosquée de Djingareyber, entouré pour la circonstance de ceux des mosquées de Sankoré et de Sidi Yahia, à l’endroit de tous les participants ainsi que pour toute la population de la ville.

Crépissage du Minaret de la mosquée de Djingarey Ber

Partners

Direction nationale du patrimoine culturel du Mali, UNESCO